une scénographie de l’ivresse
La langue de Dagerman est au coeur du spectacle. C’est elle qui fait naître les nombreux personnages et les nombreuses situations qui animent ce texte. Loin de vouloir les représenter, le plateau prend davantage en charge la sensation profonde, la sensation charnelle de l’ivresse à laquelle cette texte nous renvoie.
Une scène en miroir. De grands miroirs couvrent la scène. L’acteur reste immobile en fond de plateau, son reflet se dessinant tout du long sur le sol.
Un espace incertain. Les lumières, qui éclairaient d’abord l’ensemble du plateau, se resserrent maintenant sur la silhouette et son reflet. Les variations infimes d’intensité permettent de troubler lentement la perception de l’espace, en profondeur comme en hauteur.
Un vertige croissant. Une boule à facettes tombe bientôt des cintres, pour osciller lentement dans les hauteurs. Son mouvement circulaire augmente encore le trouble de la perception. Elle nous invite à fermer les paupières et retrouver le sentiment de la terre ferme, de la même manière que nous l’éprouvons quand l’ivresse nous submerge.
Une vérité tangible. Les miroirs laissent également surgir une sensation qui va en s’accroissant : la silhouette de Knutte ne cesse de se dédoubler dans les miroirs, ressemblant par avance à celle de son père mort. Les miroirs fonctionnent alors comme l’alcool lui-même, nous révélant dans le vertige et la nausée la vérité profonde de cet homme.